TIPS #13 Réussir sa candidature i-Lab

Maéva Joalland Actualités du réseau, Tips Angels Santé

Opéré par BPiFrance, le concours i-lab est à la fois un financement non-dilutif qui vient compléter les levées de fonds privés mais aussi un label reconnu des investisseurs. Comment décrocher ce sésame ? C’est le sujet de ce TIPS.

I-Lab c’est quoi au juste ?

Le concours i-Lab, c’est LE concours par excellence des jeunes startups Deep Tech. C’est à la fois un soutien financier précieux, puisqu’il soutient la réalisation de leur projet d’innovation au moyen d’une subvention qui peut aller jusqu’à 600 k€, mais, étant donné sa sélectivité, il est également largement reconnu dans le milieu de l’investissement. Evidemment, cette double récompense se mérite ! Il ne faut pas oublier que c’est avant tout un concours national, qui nécessite de se démarquer, de sortir du lot, et qu’il se prépare avec autant d’exigence qu’une belle levée de fonds.  Tout comme lorsque l’on doit convaincre des investisseurs lors d’une levée de fonds, il s’agit d’abord de convaincre des auditeurs et un jury, par un dossier écrit et un pitch vidéo, puis si le dossier est sélectionné, le défendre oralement. Dans les faits, rédiger un dossier i-Lab revient à faire un business plan assorti d’un programme de R&D à forte dimension Deep Tech.  De fait, il est recommandé de le préparer concomitamment à une levée d'amorçage, car les critères de sélection sont sensiblement les mêmes. Cependant, tous les dossiers, reçus en même temps, sont traités en un temps record : il est donc indispensable de faciliter le travail des auditeurs en leur donnant une présentation du projet claire et convaincante dès le départ, de donner envie, de se différencier de l’existant, et de justifier soigneusement le caractère Deep Tech de votre innovation. C’est en effet avant toute chose un acte de communication et de conviction.

Comment réussir son dossier i-Lab ?

Anticiper. C’est un concours qui s’anticipe, à la fois parce que le dossier est lourd à préparer, et qui mérite plusieurs mois de travail pour bien préparer son dossier, car aucune section ne peut être vraiment prise à la légère. Mais il s’anticipe aussi sur un plan financier car, en pratique, il faut compter entre 8 et 10 mois entre la date limite de candidature du concours et le versement de la subvention. Par ailleurs, la fenêtre de candidature est étroite : il est possible de candidater jusqu’aux 2 ans de l’entreprise (non révolus à la date de dépôt du dossier de candidature), voire 3 pour les lauréats de la Bourse French Tech Emergence, et ce temps file vite ! Il est conseillé de le tenter le plus tôt possible, idéalement anté-création, car cela permet de faire une belle avancée sur la concrétisation du projet d’entreprise,  et surtout, de ne pas hésiter à recandidater l’année suivante.

Être accompagné. Les incubateurs maitrisent bien ce dispositif et certains ont développé un programme d’accompagnement ad hoc. Par exemple, PULSALYS propose un programme spécial de 5 mois, destiné à préparer les entrepreneurs à faire le meilleur dossier avec une dizaine d’ateliers animés par des experts (plan de financement, communication, marché, valeur ajoutée de la solution…), des meet-ups de partage d’expérience, une relecture critique des dossiers avant dépôt, une session sur le pitch vidéo et un entraînement au grand oral. Au besoin, si les finances de l’entreprise le permettent, il est possible de s’adjoindre les compétences d’un cabinet de conseil spécialisé pour la rédaction du dossier, même si cela ne vous dédouanera pas de fournir un gros travail par vous-même.

Décrire le cœur deep-tech. Le cœur deep-tech du dossier est la solution technologique qui est au cœur du projet d’innovation, les barrières technologiques qu’elle offre vis-à-vis de la concurrence, la stratégie de protection intellectuelle choisie, ainsi que la liberté d’exploitation. Le concours est là pour vous aider à développer cette solution, avant tout car elle est différenciante pour vous, mais aussi car cela va nécessiter beaucoup de temps et d’argent. Il faut donc que vous apportiez le maximum de garanties dans sur les risques et les incertitudes techniques, et a minima du point de vue de vos droits d’exploitation : être au clair sur les ayants droits, avoir des garanties de confiance des propriétaires de la PI quant à l’octroi d’une licence d’exploitation, une description de la stratégie de protection de la propriété intellectuelle et la liberté d’exploitation sont autant de gages de succès. Et si au stade où vous candidatez, vous avez un doute sur le caractère « deep-tech » de votre projet, n’hésitez pas à jeter un œil sur les lauréats i-Lab des années précédentes, cela donne une idée des projets qui passent et permet de se positionner, c’est souvent très instructif ! Et à ceux qui n’en doutent pas, cela permet aussi de voir si d’autres projets lauréats répondent à la même problématique que vous, et ainsi de vous en démarquer.

Dimensionner correctement son projet et son budget. I-Lab est un concours qui nécessite d’y investir du temps, il est recommandé de ne l’envisager que si le jeu en vaut la chandelle, et que le programme de R&D est conséquent. D’un point de vue arbitraire, si le montant total de votre projet est inférieur à 100-200 k€, vous n’êtes probablement pas au bon guichet au regard de l’investissement en temps pour préparer une candidature. Par ailleurs, l’enveloppe budgétaire présentée est généralement redimensionnée, moins pour les Grands Prix que pour le reste des lauréats, mais malgré tout pensez à justifier et ajuster votre chiffrage budgétaire en conséquence.

Mettre en avant l’équipe. Les profils doivent être solides et complémentaires. Il est important de montrer qu’on n’est pas un porteur isolé, et de présenter une équipe cohérente associant idéalement business & recherche. Evidemment, la personnalité du CEO joue pour beaucoup, d’où le test RH (qui ne porte que sur le dirigeant), mais son intelligence humaine / managériale est la clef de voûte de sa réussite. En particulier, sa capacité à s’entourer, à mobiliser intelligemment ses associés, à jouer de leurs différences et de leurs complémentarités, en somme à être un leader humain qui fédère, sont autant d’atouts pour le concours. Mais ses associés ont toute leur place aussi ! Il est conseillé de se présenter à l’oral en équipe, afin de répondre au maximum à toutes les interrogations de l’auditeur, et de faire la preuve par la même occasion de votre cohésion relationnelle.

Montrer l’impact RSE. C’est une nouveauté de l’i-Lab depuis quelques années, et elle a son importance car aujourd’hui la présentation des lauréats est énoncée par catégorie d’« impact RSE ». Il faut démontrer dans le dossier l’impact social et environnemental de votre innovation, et dans quelle mesure la solution développée répond aux grands enjeux de l’humanité. On ne peut définitivement pas se cantonner à la beauté de la science et de la techno, il faut qu’elle ait un apport positif indéniable pour la société. La techno, oui, mais pour un monde meilleur !

Les points de vigilance

Schématiquement, on peut distinguer deux profils-type de candidatures : les start-ups plutôt orientées techno-push, issues d’un laboratoire de recherche, prédominantes dans i-Lab, et les start-ups market pull qui viennent d’un besoin marché et se sont adossées à la recherche pour améliorer leur produit ou service.

Pour les entreprises « techno push », le cœur deep tech est souvent évident. L’apport scientifique ne peut être remis en cause, même s’il nécessite d’être explicité sur la stratégie de propriété intellectuelle et liberté d’exploitation associée. En revanche, partant d’une techno, l’enjeu sera de travailler la connaissance du marché, de se positionner vis-à-vis d’entreprises développant des solutions qui répondent la même problématique de santé, en clair de définir la véritable valeur ajoutée de la techno par rapport à la concurrence, par rapport à l’existant. Et cette concurrence peut être totalement différente d’un point de vue technologique, dès lors qu’elle répond au même besoin. Il faut éviter d’être trop techno-centré et ne pas limiter la comparaison aux entreprises développant des technologies similaires/concurrentes. Enfin, il faut savoir rendre le projet clair, attractif et compréhensible en ayant en tête qu’il y a plus de chance d'être audité par un non-expert, que par un pair.

Les entreprises « market pull » sont celles qui sont parties d’un besoin marché et se sont associées à un laboratoire académique pour agréger la ou les briques technos manquantes et co-développer une solution ensemble. Leur dossier de candidature est généralement bien présenté, avec des projections marché claires, le besoin auquel ils répondent est souvent clair et leur positionnement par rapport à la concurrence très étayé. Leur zone d’attention est souvent l’intensité de leur « cœur deep-tech », la manière de démontrer la plus-value apportée par leur programme de R&D.

 

Propos recueillis auprès de Daphné THOMAS, Directrice Incubation & Partenariats chez PULSALYS

Pour aller plus loin : Concours d’innovation i-Lab (bpifrance.fr) et Le Programme "Objectif i-Lab" de PULSALYS | Pulsalys

Rédaction @Ophelie Philippot

Découvrir nos autres TIPS